Plaidoyer efficace en faveur de l’audience virtuelle
Par Brendan F. Morrison et Samantha Hale
Les audiences virtuelles et hybrides sont là pour de bon, et cette transformation devrait être vivement applaudie par les avocats plaidants. Non seulement ces audiences procurent-elles la commodité de pouvoir y assister depuis la maison ou le bureau, mais surtout, elles offrent de nouvelles façons de s’investir dans des activités de plaidoyer plus efficaces. Les bons défenseurs ne feront pas que « s’adapter » aux audiences virtuelles, ils tireront pleinement parti des nouvelles possibilités offertes pour défendre les causes de leurs clients. Cet article vous fait découvrir les cinq meilleurs conseils pour mener des plaidoyers efficaces et efficients dans l’univers virtuel.
De la même manière qu’elle a bouleversé les habitudes dans toutes les sphères de la vie ou presque, la COVID-19 a transformé la façon dont les plaideurs peuvent faire entendre leur cause. L’arbitrage virtuel et hybride est devenu une option pour presque tout plaideur, dans presque tout litige. Si l’on songe aux économies potentielles de coûts et de temps que les audiences virtuelles présentent pour les plaideurs et les avocats, il ne fait aucun doute qu’elles sont là pour de bon.
Voilà une transformation qui devrait être vivement applaudie par les avocats plaidants. Non seulement pour la commodité qu’elles offrent de pouvoir assister à une audience depuis son salon ou son bureau, mais – plus important encore – parce que le tribunal virtuel nous ouvre de nouvelles façons de défendre efficacement les causes de nos clients.
Les bons avocats ne se contenteront pas de « s’adapter » aux audiences virtuelles, ils exploiteront au maximum les nouvelles possibilités ainsi offertes pour présenter et défendre les causes de leurs clients. Nous nous sommes inspirés de nos trois années de nombreuses expériences avec le PRD virtuel pour mettre au point nos cinq meilleurs conseils pour mener des plaidoyers efficaces et efficients dans ce nouvel univers virtuel :
- Réfléchissez à la scénographie : Si un procès est une forme de théâtre, l’audience virtuelle crée une occasion unique de concevoir la scénographie. Réfléchissez à votre façon de vous présenter et de présenter votre client et vos témoins en fonction de l’affaire que vous décrivez et de l’histoire que vous racontez. En tout temps, assurez-vous que votre audience se déroule dans un endroit calme et que vous, votre équipe et vos témoins êtes sous un bon éclairage. Outre ces éléments essentiels, songez à créer un arrière-plan approprié. Cet arrière-plan ne doit jamais être une source de distraction de vos observations. Portez également attention aux arrière-plans de vos témoins et concevez-les en fonction du rôle qu’ils jouent dans votre affaire. Prenez soin de vous placer à une distance adéquate de la caméra afin de permettre une communication efficace entre vous, vos témoins et l’arbitre. Évaluez la distance de recul à laquelle vous et votre témoin devez vous placer et vérifiez ce qui apparaît au-delà vos visages. Assurez-vous que vous et votre témoin êtes centrés à l’écran et regardez directement la caméra pour aider à établir le lien essentiel avec le juge des faits, malgré la distance physique. Laissez la structure de votre scénographie renforcer votre présentation – quelque chose qui n’a jamais été possible pendant les audiences en personne.
- Tirez parti des aides électroniques Une des plus grandes transformations que nous avons observées est l’utilisation de nouvelles formes d’aides visuelles. L’utilisation de diapositives, de tableaux et d’autres documents infographiques peut aider à présenter la cause de votre client de manière détaillée et convaincante pour le décideur. Les aides électroniques les plus persuasives permettent d’attirer l’attention du décideur sur les points clés et les arguments gagnants. Les meilleures aides électroniques exigent temps et attention; elles sont mises au point longtemps avant l’audience. Bien sûr, une présentation PowerPoint qui n’apporte rien de neuf et ne fait que remâcher ce qui est énoncé dans les observations écrites risque de ne pas être très efficace. En revanche, un examen attentif des faits et des questions qui gagnent à être illustrés pour être mieux compris renforcera votre capacité à communiquer votre théorie et votre thème. L’audience virtuelle ouvre de nouvelles possibilités pour ces aides électroniques, et il est important de les prendre en compte dès le début de votre préparation.
- Préparer et planifier votre technologie : Le temps perdu se quantifie sous forme de coûts dépensés. Une audience d’arbitrage virtuelle peut transformer un différend coûteux en une décision rentable. Cependant, si un témoin ne peut pas consulter les dossiers, si son témoignage est inaudible ou si sa connexion est régulièrement interrompue, les avantages en matière de coûts sont sensiblement réduits. Assurez-vous que non seulement votre propre connexion Internet, votre caméra vidéo et votre microphone fonctionnent correctement, mais que ceux de vos témoins et des autres personnes qui interviennent dans la procédure fonctionnent correctement eux aussi. Il est également conseillé de tester tous les outils virtuels que vous utiliserez, et ce, avant l’audience. Il est important de connaître votre public. Ne présumez pas que les participants ont tous le même niveau de compétence technologique. Organisez une conférence préparatoire à laquelle participent tous les avocats, le rédacteur et l’arbitre afin d’examiner ensemble les différents problèmes technologiques qui pourraient survenir. Non seulement s’agit-il d’un bon test de fonctionnement pour tous les intervenants, mais c’est aussi l’occasion, pour les parties et les participants, de s’entendre sur les protocoles propres aux audiences virtuelles, notamment la façon dont les documents seront produits pendant les contre-interrogatoires ou comment et quand une audience sera mise en pause si un participant perd sa connexion pendant le déroulement de la procédure.
- Pratiquez l’écoute active : Le plaidoyer virtuel est une palette de compétences uniques; il peut s’avérer plus difficile d’observer la salle et d’évaluer les réactions en regardant un écran. De plus, les indices non verbaux comme le contact visuel et les expressions faciales sont d’autant plus importants lorsqu’on est vu sur grand écran, peu importe que l’on soit en train de faire des observations ou non. Le décideur est aux premières loges pour observer toutes vos expressions. Exercez-vous à formuler des observations et à répondre aux questions en regardant directement la caméra et non en regardant les visages des participants à l’écran. Envisagez la possibilité de diviser votre écran en deux pendant vos présentations. Une moitié de l’écran pourrait contenir le script de vos présentations électroniques tandis que l’autre moitié afficherait la salle d’audience virtuelle. Cette façon de faire vous permet de maintenir le rapport et l’attention que beaucoup d’entre vous s’inquiétaient de perdre sans une présence physique. Le rythme est un autre élément clé. Prenez soin de faire des pauses et de donner au témoin ou au décideur le temps de répondre aux questions ou d’en poser. Ces fameuses « questions qui tuent », que vous posez dans votre contre-interrogatoire, passeront inaperçues si vous et votre témoin parlez tous deux en même temps.
- Prenez des pauses : Même si cela peut sembler contre-intuitif, nous avons remarqué que les audiences virtuelles peuvent être plus épuisantes mentalement que les audiences en personne. Pour ce qui est des pauses, le modèle qui a cours au tribunal doit être rejeté – des pauses plus nombreuses, même si elles sont plus courtes, permettront de briser le temps d’écran et donneront à toutes les parties, y compris le décideur, l’occasion de refaire le plein et de se recentrer sur l’affaire en cours.
L’audience virtuelle a créé autant de nouvelles possibilités pour les avocats que pour les plaideurs. Mener un plaidoyer efficace dans ce nouvel univers exige un examen attentif et une préparation minutieuse. Visualisez le cas de votre client et préparez-le en utilisant tous les outils dont nous disposons. Nous espérons que nos conseils vous aideront à réfléchir à la meilleure façon de compléter votre trousse à outils de plaidoyer existante.
Brendan Morrison est un associé du cabinet Lenczner Slaght. Sa pratique du litige civil et de l’appel porte principalement sur les litiges commerciaux, la responsabilité professionnelle et les différends entre actionnaires et les litiges liés à l’emploi. Avocat représentant à la fois des demandeurs et des défendeurs devant des tribunaux de toutes les instances au Canada, Brendan a une feuille de route marquée de succès pour avoir guidé ses clients à travers leurs différends les plus complexes.
Samantha Hale est avocate chez Lenczner Slaght. Sa pratique du contentieux est axée sur les différends commerciaux, la responsabilité professionnelle et la réglementation, les affaires civiles et les litiges publics. Elle a été auxiliaire juridique à la Cour suprême du Canada et à la Cour supérieure de justice de l’Ontario (cour divisionnaire).